20 ans après : l’assassinat du journaliste Franck NGYKE KANGUNDU et son épouse Hélène Mpaka demeure toujours un mystère pour leurs enfants et la profession journalistique en RDC

Deux décennies après la nuit tragique du 2 au 3 novembre 2005, où le journaliste d’investigation Franck NGYKE KANGUNDU et son épouse Hélène Mpaka ont été froidement assassinés à leur domicile de Mombele, commune de Limete, le mystère reste entier.

Leurs cinq enfants, plongés depuis lors dans un combat solitaire pour la vérité et la justice, continuent de réclamer des réponses aux autorités congolaises, qui n’ont jamais levé le voile sur les véritables commanditaires de ce crime.

Un crime impuni, une plaie ouverte

L’affaire NGYKE, pourtant symptomatique des violences exercées contre la presse en RDC, demeure un dossier classé sans suite, malgré les multiples interpellations des organisations de défense des journalistes. Si des exécutants présumés ont été arrêtés et jugés sous l’ancien régime, jamais l’enquête n’a permis d’identifier les véritables instigateurs de cet assassinat, perpétré dans un contexte de répression politique intense.

Pourtant, Franck NGYKE KANGUNDU n’était pas un simple reporter. Journaliste chevronné du quotidien La Référence Plus, il avait dénoncé à plusieurs reprises la corruption, les injustices sociales et les abus de pouvoir qui gangrenaient la société congolaise. Sa plume était devenue une arme redoutée, et ses enquêtes dérangeaient. Son exécution brutale, aux côtés de son épouse, semblait porter la marque d’un message d’intimidation destiné à toute la presse congolaise.

Les enfants NGYKE, orphelins de justice et brisés par le silence

Aujourd’hui adultes, les enfants NGYKE portent encore les séquelles de cette tragédie. Pendant plus de 16 ans, sous la menace d’un régime répressif, ils ont été contraints de taire leur douleur, de grandir dans l’ombre du deuil et du silence imposé.

Parmi eux, Grâce Israëlla MAMBU KANGUNDU NGYKE a choisi de transformer sa souffrance en engagement.

Devenue journaliste, militante des droits des femmes et activiste pour la liberté de la presse, elle mène aujourd’hui un plaidoyer acharné pour que justice soit rendue.

« Nous avons été abandonnés à notre triste sort. Aucun gouvernement ne s’est soucié du traumatisme que nous avons subi. Nous demandons la reconnaissance nationale de nos parents comme martyrs de la liberté de la presse et l’ouverture d’une enquête indépendante pour connaître les vrais commanditaires », déclare-t-elle avec détermination.

Entre traumatismes et quête de réparationVingt ans après, le fardeau psychologique reste insoutenable.

Grandir avec l’image d’un père et d’une mère exécutés devant ses enfants sans raison apparente, sans explication, sans justice, est une souffrance que les mots peinent à décrire.

L’absence de reconnaissance officielle, de soutien psychologique et de réparation judiciaire ne fait qu’exacerber les blessures.

Grâce NGYKE plaide aujourd’hui pour une réparation non seulement juridique, mais aussi psychologique : « Nos traumatismes sont profonds. Nous demandons que l’État prenne ses responsabilités pour accompagner les familles des journalistes assassinés. Nous demandons que ce crime ne soit pas oublié. »

Une profession toujours en danger

L’affaire NGYKE reste un symbole de l’impunité qui entoure les assassinats de journalistes en RDC. Vingt-deux journalistes ont été tués dans l’exercice de leur fonction au cours des dernières décennies, et la majorité des affaires restent non élucidées.

La liberté de la presse demeure fragile, et les menaces contre les journalistes persistent.Alors que la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme continuent d’appeler à des réformes pour garantir la sécurité des journalistes, le cas de Franck NGYKE KANGUNDU et d’Hélène Mpaka reste un rappel tragique de la nécessité d’une justice indépendante et courageuse.

Vingt ans après, l’assassinat d’un homme de plume et de son épouse reste une plaie béante dans l’histoire de la presse congolaise. Une plaie qui ne pourra cicatriser qu’avec la vérité, la reconnaissance et la justice.

Fabiola I.

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