Afflux de journalistes candidats aux élections 2023 : une profession en quête de changement ou une opportunité éphémère ?

Dans le paysage politique actuel en République Démocratique du Congo, il est frappant de constater une augmentation significative du nombre de journalistes et de professionnels des médias se portant candidats aux élections 2023 par rapport à celles de 2018.

En effet, la présente législature qui vient de toucher à sa fin avait connu des figures telles que Patrick Muyaya, Christelle Vuanga, Daniel Safu, Ndeko Eliezer, André Ipakala Abey Mobiko etc… Soit près d’une dizaine de journalistes.

Avec cette nouvelle vague de candidatures aux élections 2023, les interrogations se fondent sur les motivations profondes de ces acteurs médiatiques à quitter leur rôle d’observateurs pour s’engager activement sur la scène politique. Ils sont plus d’une trentaine à s’aligner dans la course électorale.

Afflux de journalistes candidats aux élections 2023 : une profession en quête de changement ou une opportunité éphémère ?

Quelques figures connues sont le doyen Kimbambi Shitwa propriétaire de la chaîne de télé Numérica TV; Freddy Mulumba ancien journaliste au quotidien Le Potentiel et Directeur général a.i de la RTNC; Gudule Bwalya journaliste à la RTNC; Onassis Mutombo patron du médias en ligne Arts.Cd; Ben Kabamba ancien journaliste à la radio Okapi ; Bernadette Kamango journaliste et analyste; Sylvanie Kiaku éditrice du journal La Percée ; Pascal Owondje; Paulette Kimuntu patronne d’une média youtube, Patricia Matondo ancienne journaliste de Télé 7; etc.

Pourquoi cette immigration influente des journalistes en acteurs politiques en 2023?

Pourquoi ces journalistes, habitués à manier la plume et le micro, décident-ils de franchir le pas et de siéger au parlement ? Est-ce un désir d’appuyer la profession par le truchement du pouvoir législatif ? Ou est-ce le reflet d’une aspiration au changement au sein de la sphère politique, perçue comme étant en décalage avec les attentes de la population ?

Il est indéniable que le rôle des médias est fondamental dans une démocratie. Les journalistes ont pour mission de rendre compte de l’actualité, de dénoncer les injustices et de tenir les politiciens responsables de leurs actions.

Cependant, ils se retrouvent souvent confrontés à des limites dans l’exercice de leur métier, notamment en matière d’accès à l’information.

Le projet de loi portant accès à l’information, par exemple, n’a pas encore été adopté à la chambre basse du parlement. Cette lacune législative peut être perçue comme une frustration pour de nombreux journalistes, qui voient dans leur engagement politique une opportunité de faire bouger les lignes et de promouvoir une plus grande transparence dans l’exercice du pouvoir.

D’un autre côté, certains pourraient interpréter cette affluence de journalistes candidats comme une tentative de préserver leur profession face à une crise grandissante.

Avec l’avènement des réseaux sociaux et la montée en puissance des fake news, la crédibilité des médias traditionnels est parfois mise à mal.

En rejoignant le parlement, ces professionnels des médias pourraient chercher à défendre leur métier et à renforcer le rôle des médias dans la société.

Une transition sans explication…?

Cependant, il est important de souligner que le passage de la plume et du micro à la politique représente un véritable défi. Tous ces journalistes candidats sont-ils à mesure de donner une explication claire et convaincante à la confrérie sur les vrais raisons de leur engagement dans la politique ?

le profit serait-il basé sur les difficultés que traversent aujourd’hui la profession ? Les arrestations arbitraires des professionnels des médias et le plaidoyer pour la reconnaissance des journalistes assassinés sont-ils dans leurs priorités de campagne ? Où soit ils s’alignent dans la bataille comme chaque individu dans la société assoiffé de se revêtir des honneurs réservés aux honorables députés ou sont-ils tous attiré par la taille des émoluments ?.

La transition d’observateur à acteur politique nécessite un ajustement des compétences et des responsabilités.

Une fois élus, ces journalistes candidats devront se souvenir rapidement qu’ils feront face à de nouvelles contraintes, à des compromis parfois difficiles et à une plus grande exposition médiatique.

Enfin, il est essentiel de rappeler que la fonction politique est soumise à une reddition de comptes constante de la part du peuple.

Si certains journalistes réussissent à être élus et à exercer un mandat parlementaire, ils devront faire face à une exigence accrue de transparence et de résultats de la part de l’opinion publique.

Le peuple sera intransigeant et exigeant à la fin de leur quinquennat, en particulier pour ceux qui ont été élus cette année.

Donc, cette augmentation du nombre de journalistes candidats aux élections 2023 suscite de nombreuses interrogations quant à leurs motivations et à l’impact qu’ils pourraient avoir sur la profession journalistique et sur la sphère politique.

Qu’il s’agisse d’une volonté de changement, d’une défense de la profession ou d’une aspiration à une plus grande transparence, ces journalistes devront faire face à de nombreux défis et seront soumis à une attente accrue de la part du peuple.

Ce que les confrères et consœurs candidats doivent savoir est que leur parcours politique sera sans aucun doute scruté de près, et seul le temps pourra révéler si cette tendance se poursuivra ou s’il s’agit d’une opportunité éphémère qui voient dans leur engagement politique une opportunité de faire bouger les lignes et de promouvoir une plus grande transparence dans l’exercice du pouvoir.

Grâce Israëlla KANGUNDU

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